Warriors 1

Des centaines de personnes marchaient dans tous les sens, obnubilées par leurs vies, leurs peurs, leurs besoins. Cherchant à rentrer chez eux, à aller à leur travail, à retrouver quelqu’un ou bien tout simplement à passer le temps. Ils étaient tels des fourmis, à errer ainsi, sûrs de l’importance de leurs petites vies, alors que pour moi elles ne sont rien. Même pas une poussière, un globule rouge. Rien. En un seul geste je peux les tuer et raser cette planète et tout ce qu’ils aiment. Mais je ne le ferais pas. Pas encore. Une victoire n’est grande que si il faut se battre contre de grands adversaires pour l’avoir.

C’est pour cela que j’influe sur le destin des hommes depuis des siècles. Pour que cette race créée des champions dignes de me combattre, et de perdre honorablement. Certains eurent le potentiel, mais ne purent devenir les ennemis dont je rêve. Mais je sens au fond de moi que l’heure approche. L’Humanité est à l’aube d’une nouvelle ère. La technologie est bientôt à son apogée, les hommes prêts à tout. De cet océan de larves et de nullité, je le sens va sortir des êtres d’exceptions, légendaires. Et cette nouvelle me met en joie.


L’Irlande est toujours aussi belle, pensa l’homme en imper noir tandis qu’il descendait une colline verte, bien sûr. Il se trouvait à Limerick, petit village du sud de l’île. Il y avait peu de maisons, et une seule grande rue, celle où se trouvaient tous les commerces du village, avec la poste/bureau de tabac/magasin de souvenir. Vraiment un coin paumé, pensa l’inconnu habillé tout en noir et cachant ses yeux derrière des lunettes de soleil, bien que le temps soit presque à la pluie. Il marcha un peu dans la grande allée, seul, ses chaussures claquant le vieux goudron à chaque pas. Enfin, l’être mystérieux arriva devant une maison rouge et jaune, à deux étages, et sonna. Il attendit quelques instants, et une vieille femme ouvrit la porte et lui intima l’ordre de rentrer.

La femme était une personne très âgée, sûrement octogénaire. Ses cheveux étaient assez longs, mais soigneusement coiffés. Elle portait une robe bleu azur avec un tablier à carreaux de cuisine. Ses yeux, bien qu’ayant besoin de lunettes, semblaient encore alertes et vifs. Elle montra un fauteuil à l’inconnu, qui s’assit tandis qu’elle se posait sur une chaise en face de lui.

" Je suppose que vous savez pourquoi je viens.

-Pour Luc.

-Exact. Ses talents nous seraient nécessaires…

-Je m’en doute, monsieur… ?

-Doe. John Doe.

-Bien, monsieur Doe. Luc est adulte, ou presque. Et bien que j’aie peur pour lui, comme toute mère, je sais qu’il doit partir. Je suppose que je ne peux pas vous empêcher de l’emmener…

-Non.

-Et s’il n’est pas d’accord ?

-Il le sera, soit par sa volonté ou la nôtre.

-Je m’en doutais. Il sera bien traité ?

-Oui.

-Il ne sera pas dans un laboratoire ?

-Non, il sera libre, il sera un héros. Vous pourrez le voir quand vous le voudrez, sauf quand il sera en mission.

-Ah, très bien…

-Où est-il ?

-En train de jouer dehors, il est avec ses oiseaux.

-Bon, je vais le voir. Au revoir, madame.

-Au revoir, monsieur. "

Et John Doe sortit de la petite pièce qui sentait bon la naphtaline. Il contourna la maison, et arriva sur une petite cour arrière, avec des vieux vélos, du bric-à-brac, et quelques animaux. Il y avait aussi un jeune homme, qui était accroupi en face de quelques corbeaux. Il semblait leur parler. L’homme à l’imper s’approcha alors discrètement, mais l’adolescent se leva et le fixa. Doe put alors voir qu’il était roux, qu’il avait les yeux bleus et légèrement arrogants.

" Luc ?

-Oui, c’est moi, et vous, vous êtes qui ?

-John Doe. Je viens te faire une proposition.

-C’est à cause de ce que je sais faire, nan ?

-Oui. Tu as de grandes aptitudes, petit. Malheureusement, tu les gâches.

-Aider les gens, c’est gâcher ?

-Non, mais aider peu de gens, c’est gâcher. Tu viens en aide à l’Humanité à un niveau local, ne veux-tu pas l’aider à un niveau mondial ?

-Comment cela ?

-Il y a d’autres gens qui ont aussi des dons, tout comme toi. Je les réunis en ce moment. Veux-tu en être ? Il y aura un salaire, et tu pourras ainsi sortir ta mère de la misère dans laquelle elle vit depuis sa naissance… "

Luc réfléchit quelques instants à cette proposition. C’était vraiment tentant. Aider les gens grâce à ses dons avait toujours été une évidence pour lui, mais c’est vrai que seul, il ne pouvait pas grande chose. Et si en plus il pouvait aider sa mère…

" Bien, je suis d’accord, monsieur Doe. Quand partons-nous ?

-Maintenant, va préparer tes affaires.

-Déjà ???

-Oui, il est impératif de vous réunir rapidement.

-Bon, d’accord… "

Et le jeune homme rentra dans la maison. Une heure après, lui et Doe partaient d’Irlande dans un jet privé avec les initiales DAC dessus.



Londres, 21 heures. Un jeune homme d’une vingtaine d’années rentrait de son cours d’escrime en passant par Soho quand il fut happé par quelques voyous. Il fut véritablement projeté vers une ruelle humide et sale, coincée entre deux immeubles de briques rouges. Des ordures jonchaient le sol et le malheureux fut projeté à terre, le nez en plein dans une vieille chaussette. Il voulut se relever, mais un pied vint se loger dans son ventre, et il retomba à terre. Il entendit alors plusieurs rires.

" Ah, je crois qu’on en a tiré un bon, là ! Je sens une bonne récolte de pèze, là !

-T’as raison, Donnie ! On va pouvoir bien s’amuser ce soir avec son fric !

-Et si on s’amusait tout de suite avec lui ?

-Ouais, bonne idée ! Allez, on se le fait ! "

Et les trois skinheads se jetèrent sur l’homme à terre, qui ne bougeait plus depuis un certain temps. Soudain, avant qu’ils n’aient pu le retoucher, la victime se releva aussi rapidement qu’un éclair et donna un grand coup de pied dans les parties intimes de " Donnie ". Surpris, les deux autres ne restèrent pas longtemps pantois, et voulurent venger leur ami. Mais celui qu’ils voulaient tuer courut vers la fin de la ruelle, mais c’était un cul de sac. Et les skins arrivaient rapidement. Il sortit alors de son sac une longue épée assez lourde, mais souple, avec un manche en bois ancien et la lame faite d’un métal inconnu. Il sourit en fonçant vers eux.

Alors que le possesseur de l’épée allait la ranger dans son sac, il entendit des applaudissements. Surpris, il se retourna et vit une grande silhouette noire dans l’embrasure de la rue. La silhouette approcha, et il put voir que c’était un homme blanc, aux cheveux bruns et aux lunettes de soleil.

" Bravo, j’ai rarement une telle démonstration de combat.

-Merci, mais que faites-vous là ? Vous êtes avec eux ?

-Moi ? Loin de là ! Tout au contraire en fait, Arthur.

-Vous connaissez mon nom ?

-Je sais pleins de choses sur toi, Arthur. A commencer par le nom de cette arme… "

Arthur faillit défaillir quand il entendit ces paroles. Comment était-ce possible ?

" Et que puis-je pour vous, monsieur… ?

-Doe. John Doe. Je viens te proposer un marché. Je te dis tout ce que je sais sur cette épée, et comment t’en servir au mieux, et tu rejoins mon équipe.

-Votre équipe ?

-Une équipe de gens spéciaux, un peu comme toi. Une équipe chargée de protéger le monde contre de nouvelles menaces. Alors qu’en dis-tu ?

-Et si je refuse ?

-Et bien de la cocaïne sera retrouvée dans ton appartement, ainsi que des revues pédophiles et zoophiles…

-Ouais, donc j’ai pas le choix…ok, je vous suis.

-Tu ne le regretteras pas, Arthur. "



Paris, 23 heures. Dans un appartement du quartier de la Défense. Un adolescent pianotait sur son ordinateur. Pour ses parents, il faisait ses devoirs, cherchant des réponses à ses questions sur le droit des enfants dans le monde pour son devoir d’éducation civique. Mais en fait, il piratait le système de sécurité d’une grande entreprise. Encore. Christophe Durand était un hacker, un pirate informatique. Et un des plus doués qui n’ai jamais existé. Doté d’un très bon physique, ce blond aux yeux bleu azur avait tout pour être heureux. Des parents affectueux et riches, de bons amis, la popularité, un talent inné pour la robotique et l’informatique. Mais il ne voulait pas être un physicien, un informaticien anonyme travaillant pour l’Etat. Non, lui voulait être une star mondiale, être reconnu, aider les gens. La reconnaissance, il l’avait en déjouant les systèmes de sécurité des puissants. Et aider les gens viendrait plus tard, pensa-t-il. Soudain, il reçut un e-mail assez inquiétant :

Christophe,

Nous savons ce que tu fais, et pourquoi tu le fais. Nous t’offrons une chance de t’amender et d’aider le monde en ayant de la célébrité. Si tu acceptes, tes talents seront reconnus et tu auras le budget pour ton imagination. Si tu refuses, tes crimes viendront aux oreilles de la police, et tes parents risqueraient d’avoir un accident.

Rejoins-nous à cette adresse.

J.D.

Christophe " Chris " Durand faillit tomber de sa chaise. Il risquait de tout perdre. Mais c’était impossible. C’était sûrement une blague. Mais personne ne connaissait cet e-mail, c’était celui qu’il utilisait pour " hacker ", et il ne l’avait donné à personne…donc c’était peut-être la vérité. Il éteignit son ordinateur et courut à l’adresse indiquée, où John Doe l’attendait et lui fit la même proposition que les autres. A contre cœur, Chris accepta à contre coeur et ils partirent en avion.



Il pleuvait sur la base de marines du Kansas tandis qu’un ancien militaire sortait difficilement de la base. Difficilement, car il n’avait pas le cœur de continuer. Il était renvoyé, viré. La honte ultime pour un militaire, un marine qui plus est. Tous les hommes de sa famille avaient été de bons soldats servant avec bravoure les Etats-Unis d’Amérique. Jusqu’à la mort. Toujours. Mais lui allait casser cette tradition. Il était viré de l’armée.

Tout cela parce qu’il avait refusé d’obéir à un ordre. Un foutu ordre. Ah, si il avait su, il aurait fait ce que son chef lui demandait, et tout irait bien…mais non ! Il s’en était tenu à ses valeurs, à sa vision du Bien et du Mal, et c’était le plus important. Mieux valait être la honte de la famille mais fier de soi qu’un être anonyme honteux dans une liste de soldats d’une famille.

L’homme au crâne rasé allait marcher vers la station de bus quand il vit qu’une voiture noire s’arrêta à sa hauteur. La vitre teintée s’abaissa et il vit un homme aux lunettes de soleil.

" Josh O’Neil ?

-Lui-même. Que voulez-vous ?

-J’ai un job pour toi.

-Quel genre ?

-Sauver la planète.

-Ah ? Appelez Superman, j’suis pas d’humeur à rire…

-Ce n’est pas une blague. Ton pays te rejette, le monde te prend. Après tout, qu’as-tu à perdre à me suivre, à part la certitude d’être malade ? "

Josh réfléchit quelques secondes puis monta dans le véhicule. Après une longue discussion, il accepta de suivre John Doe et tous deux partirent vers l’aéroport le plus proche.



Berlin, 2 heures du matin. Katia Kriegshaft dansait comme une possédée sur la piste de danse très select d’une discothèque fermée aux non initiés. Normalement, la musique qu’elle écoutait était interdite. Mais la jeune néo nazie s’en fichait pas mal, faisant onduler son corps sur les rythmes endiablés des guitares folles et des cris du " chanteur ". Assez jeune, le crâne rasé, les yeux bleus, elle séduisait beaucoup d’hommes, ce qui lui avait permis de monter rapidement les échelons du groupuscule d’extrême droite qu’elle co-dirigeait maintenant. Ça, et son don aussi.

Soudain, la musique s’interrompit. Elle seule s’en rendit compte, les autres dormants ou étant sous l’emprise de substances illicites et dangereuses. Un homme avec un imper noir s’approcha d’elle et la fixa dans les yeux, au travers de ses lunettes de soleil. Il s’exprima dans un allemand parfait.

" Katia, j’ai besoin de toi.

-Et moi je veux que tu dégages, Amerikanerin !

-Je pense que pour le bien de tes amis, il ne vaut mieux que je " dégage ", car sinon la police viendrait ici, et tu te doutes qu’ils n’apprécieraient pas le spectacle…

-Tu bluffes ! Tu ne sais même pas qui je suis !

-Bien sûr que si, Kätzen. Je sais beaucoup de choses sur toi.

-Jude ! Qu’est-ce que tu veux ?

-Toi. Et ton don, surtout. Le monde va mal, il lui faut des défenseurs spéciaux. Je créé une équipe de gens extraordinaires, et j’ai besoin de toi.

-Qu’est-ce que j’y gagnerais ?

-Des voix supplémentaires aux prochaines élections, par exemple. Et la sauvegarde de ton parti. "

Katia semblait réfléchir, mais en fait elle se concentrait en regardant dans les yeux John Doe.

" Et n’essaye pas de triffouiller mon cerveau. J’ai avalé quelque chose qui arrête cela. Tu ne peux rien contre moi. Alors, ta réponse ?

-Hund ! J’accepte.

-Bien, suis-moi. "

Katia suivit alors Doe vers la sortie du local. Tous les militants les regardèrent passer avec crainte et haine : crainte envers Katia, haine envers celui qui l’emmenait. Mais ils ne firent rien, craignant pour leur sécurité et celle de leur chef. Après avoir rassemblée quelques affaires, la jeune femme prit un avion privé avec l’homme en noir.

Endroit inconnu, 10 heures du matin. Tous les membres avaient dormis dans des chambres parfaitement pareilles : un lit, une salle de bains, une table, une chaise, une armoire et une lampe au plafond. Cela était tout. Un confort somme tout spartiate, mais il faut leur apprendre la discipline, pensa Doe tandis qu’il se servait sa troisième tasse de café. Cela faisait à peine quinze minutes qu’il était dans cette salle grise, avec pour seul mobilier une table et sept chaises. L’une d’entre elles était occupée par lui-même, et l’autre par Axel, son homme de confiance, mais très, très solitaire. Soudain, un des huit portes s’ouvrit et un jeune homme blond et fatigué marcha doucement vers la table, où il s’assit. Il voulut parler, mais Doe leva la main.

" Attendons qu’il y ait les autres, je vous expliquerais tout. "

Quelques instants plus tard, les " autres " arrivèrent assez rapidement. Tous attendirent de longues secondes, avant que Arthur, les yeux fatigués et ses cheveux noirs en désordre, ne se décide à parler.

" Monsieur Doe, qu’est-ce que je fais là ? Je me rappelle que nous voyagions en train, puis plus rien…

-Et les autres, vous devez sûrement avoir la même question à me poser, alors gagnons du temps. Comment êtes-vous arrivés ici ? C’est simple, je vous ai drogués et amenés ici.

-Pourquoi ?

-Car il était impératif de ne pas mettre en danger ce lieu avant que je sache si vous n’étiez pas de faux " prodiges ".

-Et t’es rassuré maintenant, Schwarzman ?

-Ah, l’humour allemand ! Ma chère Katia, oui, je suis rassuré. Les tests que nous avons pratiqués sur vous montrent bien que vous ne mentez pas. Je peux donc tout vous dire. D’abord, nous sommes à bord d’un engin volant qui n’a pas encore de nom. Il a été créé dans les années 50, de peur d’une attaque russe. Mais le projet a été abandonné. Depuis 2001, les Etats-Unis l’ont vendu à l’ONU, en échange d’une aide qui n’est jamais venue. Mais en fait l’engin était défectueux, et nous avons mis trois ans à le faire fonctionner. Désormais, il est invisible à tous les écrans radars, doté de la technologie de pointe, d’armes de destruction massive, et d’ordinateurs très, très avancés.

-Et qu’est-ce qu’on fiche là ?

-J’y viens, Luc. Cela sera désormais votre base. Notre base. Le monde est de plus en plus dangereux. Les menaces affluent et les bonnes vieilles méthodes ne marchent plus. L’ONU m’a chargé de créer une équipe qui doit faire face à ses menaces. Des dangers terrestres et spatiaux nous attendent. Vous en êtes toujours ? "

Un silence pesant s’installa dans la pièce. Personne n’osait regarder les autres, ni parler. Après cinq minutes, l’étrange être appelé Axel se leva.

" Je m’appelle Axel, et je viens de l’espace, je ne sais pas d’où. Je peux voler, détruire un immeuble d’une main et supporter une bombe nucléaire. Et j’en suis. "

Tous furent surpris par l’attitude d’Axel, sauf Doe. Quand il se rassit, Arthur se leva.

" Je m’appelle Arthur, et je… "

Mais avant qu’il n’ait pu continuer, une alarme retentit dans la pièce. Doe se leva en un clin d’œil, et appuya sur le milieu de la table. La nourriture du petit déjeuner disparut, laissant place à une construction en 3-D de la Terre, avec en plein milieu de l’Asie un petit point rouge.

" Que se passe-t-il, ordinateur ?

-Attaque bio-terroriste à Hong Kong. Déjà 13 000 morts en une heure. Risque de propagation du virus : 100%. Danger pour le monde : 100%.

-De quel type est le virus ?

-Virus de type oral, inconnu à ce jour. Aucun antidote connu.

-Bon, suivez-moi tous.

-Où on va ?

-Sauver les chinois, Josh. Et que ceux qui ne sont pas d’accords n’oublient pas ce que je leur ai dit à notre rencontre… "

Et il courut vers une des portes qui n’avait pas été ouverte avant. Le groupe resta quelques secondes pantois, mais le suivit assez rapidement, la peur au ventre.


Ah ! Cela commence ! Les acteurs sont en place, la scène prête, le public présent ! Que ma victoire finale commence par cette tragédie !