Warriors 4

Arthur ouvrit lentement les yeux, le geste nécessitant une concentration et une volonté inhabituelle. La première chose qu’il vit fut un plafond parfaitement blanc. Ensuite, il remarqua que toute la pièce était blanche. Cela allait à la table de chevet, à la chaise, au lit, au porte manteau. Tout était blanc. Après ces observations, il remarqua la douleur. La douleur
parcourait son corps en entier, mais elle était plus forte dans la poitrine, au niveau des poumons.
Normalement, il devrait être mort. Personne ne pouvait survivre à une telle explosion…mais bon, était-il une personne normale ? Après tout, il venait de passer un an dans le passé, à vaincre des ennemis qu’il croyait issus de légendes. Alors, après cela, sa notion de normalité était bien différente de celle qu’il avait avant.

L’anglais se leva difficilement, à cause de la douleur. Il remarqua alors que des habits à lui étaient posés sur la chaise. Un jean bleu, une paire de chaussettes, des baskets rouges, un t-shirt noir, un caleçon. Et à côté d’eux, il y avait son épée. Sa fameuse épée, son épée maudite. Un flot de souvenirs et de doutes l’envahit soudain, mais il chassa ces pensées, et s’habilla. Il mit son épée dans son dos, et sortit de la chambre.

Le jeune homme vit alors qu’il était dans un long couloir sinueux, avec beaucoup de portes comme celle qui menait à sa chambre. Ne sachant pas où aller, il allait se diriger vers sa droite quand la porte devant lui s’ouvrit en grand, laissant apparaître John Doe, des pansements sur le
visage, et l’air inquiet. Sa mine changea légèrement quand il vit Arthur.

« Ah, Arthur ! Tu es enfin réveillé !
- Doe ? C’est vous ?
- Oui. Viens, nous avons des choses à faire.
- Attendez, où sont les autres ? Comment j’ai survécu ?
- Suis-moi… »

Le jeune homme aux longs cheveux noirs et à la barbe sombre voulut protester, mais il suivit quand même son chef, conscient de l’autorité de Doe. Ils marchèrent un peu dans le couloir, puis rentrèrent dans une grande pièce, avec beaucoup d’ordinateurs, un canapé, des fauteuils et une petite table avec des sandwichs et des boissons. Il n’y avait pas de mur, juste une grande baie vitrée qui ne montrait qu’une grande surface sombre. Mais ce ne fut pas cela qui surprit le plus Arthur. C’était la présence de Josh, de Luc et de Chris qui stupéfia l’anglais. Comment avaient-ils pu survivre ?

« Vous…vous êtes en vie ?
- Ouais…toi aussi ça t’a choqué, hein ?
- C’est normal, Luc. Normalement, on aurait dû mourir…
- Alors comment on a survécu, Josh ?
- Demande à notre ami ici présent… »

Arthur se tourna vers Chris, et c’est seulement à cet instant qu’il remarqua qu’il ne portait pas des habits normaux. Son corps était recouvert d’une sorte d’armure, très proche de la peau, tant et si bien qu’on aurait dit une deuxième peau. On ne pouvait voir que sa tête, et le jeune homme avait l’air bouleversé et énervé.

« Chris ? Tu vas bien ?
- Pas trop, non.
- Qu’est-ce qu’il s’est passé ? On est dans la base volante, là ?
- Nan, elle a explosée.
- Quoi ?
- Des missiles furtifs. On a pas pu les voir. Tout a explosé. J’ai failli y passer.
- En tout cas, je suis heureux que tu sois là et en bonne santé.
- On peut pas vraiment dire ça.
- Quoi ? Tu as un problème ?
- Chris a eu le poumon droit perforé, ainsi que la cage thoracique défoncée. Il a dû mettre une sorte de combinaison expérimentale, qui a pris le relais de ses fonctions détruites. Mais apparemment il ne peut pas en sortir…
- Oh. Sincèrement désolé.
- Ça me fait une belle jambe, rosbif.
- Eh, tu vas te calmer, le mangeur de grenouilles !
- Du calme ! On est pas ici pour se battre ! Gardez vos forces pour l’ennemi ! »

Cette intervention de Josh calma tout le monde. Il y avait une autorité naturelle en lui qui faisait que tout le monde était forcé de lui obéir. Doe prit alors le relais.

« Bon. Quand j’ai réussit à joindre Chris après mon crash, il m’a tout expliqué. On a donc convenu qu’on devait vous chercher. Il était en route quand il a comprit qu’ils allaient tout faire exploser. On ne pouvait rien faire, mais il a vu grâce aux senseurs de l’armure que vous aviez été
téléportés.
- Téléportés ?
- Oui, Arthur. Par les japonais, qui avaient tout vus. Ils ont décidés de nous aider. La douleur que vous ressentez dans votre poitrine est un léger effet secondaire qui va bientôt se dissiper.
- Mais comment les japonais ont-ils pu avoir une telle technologie ? Il y a beaucoup de pays qui ont cela ?
- En fait, Josh, le niveau technologique de la planète est très élevé, mais caché à la population. Cet endroit, par exemple, est ce qui se fait de mieux actuellement.
- Euh, sans vous gêner, jusqu’à maintenant, je n’ai vu que beaucoup de simplicité, et ce fond noir derrière les vitres ne me fait pas penser que c’est très technologique…
- En effet, Luc, mais regarde bien… »

Le jeune homme se leva du canapé. Il était entièrement redevenu normal, pensa Josh. Mais ses terribles pouvoirs et le brutal changement que l’ex marine avait remarqué étaient pour lui des signes d’inquiétude. Quand le jeune irlandais fut tout près de la vitre, il pu distinguer quelque chose dans l’obscurité. C’était énorme, et ça allait très vite. On ne pouvait pas bien distinguer sa forme, mais elle était assez longue. Quand il fut contre la vitre, la chose s’approcha de la vitre, et se cogna dedans ! Tout le monde pu voir alors que c’était un immense requin blanc…

« Merde, mais on est où, Doe ?
- Dans l’Océan Pacifique. Nous sommes dans une base sous-marine, Chris. Notre nouvelle base.
- Vous êtes toujours prêt à faire votre équipe ? Notre première sortie a pas été très grandiose…
- C’est vrai, Josh, mais c’est comme cela. Mais je vous jure que nous allons nous venger de la Communauté quand on saura où elle est. Bien sûr, nous pleurons tous la perte de Katia, mais c’est la vie, c’est un cycle. Mais il faut la remplacer. Et pour cela, j’ai le candidat idéal.
- Ah oui ? Il vient d’où ?
- Il vous le dira vous-même. Zun Tao, tu peux rentrer. »

La porte s’ouvrit alors en grand, et un homme de taille moyenne entra. Il était habillé comme un ninja : kimono noir, masque noir recouvrant presque entièrement le visage (sauf les yeux, gants et patins noirs. A sa ceinture, on pouvait voir des petites étoiles tranchantes, et un sabre de samouraï se trouvait sur son dos. Quand il fut devant tout le monde, il se baissa et fit le salut rituel, puis enleva son masque pour parler dans un anglais parfait.

« Bonjour à tous. Je sais que vous venez de vivre des moments difficiles, et je compatis à votre peine. J’espère être digne de travailler avec vous.
- Il vient d’où, la tortue ninja ?
- Chris, un peu de respect…Zun Tao provient du Japon, c’est le meilleur élément des réseaux d’espionnage de ce pays. Il a été « donné » à l’ONU pour les Warriors.
- Les Warriors ? C’est quoi, monsieur Doe ?
- Notre équipe, Luc. Vous avez tous des particularités hors du commun. Vous êtes la première ligne de défense des Nations Unies contre le terrorisme, et les menaces des autres états. Désormais, vous n’êtes plus américain, anglais, français, irlandais ou japonais. Vous êtes citoyens du monde.
- Je suppose qu’on ne peut pas discuter ?
- Non, Arthur. Vous en savez trop.
- Bon, ok. On fait quoi maintenant ?
- Vous allez vous présenter au monde… »

Après avoir dit cela, Doe sourit, et invita tout le monde à sortir. Ils le suivirent dans le long couloir, avant qu’ils n’arrivent au bout, où se trouvait une grande porte en fer. John Doe l’ouvrit difficilement, et le groupe se retrouva dans une grande salle en fer, avec plusieurs engins. Des voitures, des sous-marins, des avions…Chris ouvrit grand les yeux, pensant
déjà aux améliorations qu’il pourrait faire.

« Nous aussi, nous savons téléporter. Nous allons aller au siège de l’ONU, où une conférence de presse est en ce moment en train de se passer pour parler de la catastrophe. Bien sûr, officiellement c’est nous qui avons arrêté le gaz. C’est clair ? »

Personne ne répondit, et pendant que des techniciens pianotaient sur des ordinateurs, les cinq hommes se placèrent au centre d’un immense cercle, surplombé d’une sorte d’épée de Damoclés , après s’être changés. Arthur avait mis une combinaison noire, avec un fourreau pour son épée, la combinaison recouvrant tout son corps. Josh avait un costume gris foncé, avec un UZI et un Desert Eagle dans la ceinture. Luc avait une combinaison gris clair, assez ample et sans différence à celles que portaient les techniciens. Chris mit une sorte de casque qui était posé pour lui. Ce casque était de la même couleur que sa combinaison, avec deux trous rectangulaires pour les yeux, et un trou carré pour la bouche. Arthur pensa que l’appareil ressemblait un peu à la caverne de son ancien hôte quand un rayon les frappa, et les fit disparaître.

Le Secrétaire Général de l’ONU, Koffi Anan, essayait de répondre vainement à toutes les questions des journalistes. Mais il n’y arrivait pas, tout le monde étant inquiet de la suite des événements. Soudain, énervé, le vieil homme fit taire tout le monde en levant la main droite. Il prit alors la parole, de sa voix douce mais autoritaire.

« Mes chers amis, ces derniers jours furent sombres. Des hommes et des femmes sont morts. C’est une horrible perte. Mais nous avons réussi à éviter de justesse, heureusement. Cela aurait pu être encore plus catastrophique.
- Comment avez-vous arrêté le gaz ? Qui est responsable de tout cela ?
- Un nouveau groupe terroriste, la Communauté de Vengeance, a revendiqué ces morts. Pour savoir comment nous avons pu arrêter le gaz mortel, il vous faut savoir que l’ONU a désormais décidé de prendre les armes. Il en est fini du temps où tout le monde en fait à sa tête, et ne respecte pas les Nations Unies. Dans ce nouveau monde, il faut un ONU fort pour faire face aux
menaces qui planent sur le monde. C’est pour cela que les Warriors furent créés.
- Qui ?
- Les Warriors… »

A peine avait-il fini de parler qu’une explosion bleue se produisit à côté de lui. Ce fut un immense choc sonique, mais il n’y eut pas de dégâts. Alors que les journalistes regardaient troublés Koffi Anan, ils découvrirent avec stupeur que l’équipe venait d’apparaître !
« Je vous présente le groupe d’intervention des Nations Unies. Composé de Josh O’Neil, ancien marine, qui sera le chef du groupe. Il y a ensuite Arthur Crawford, excellent escrimeur doté d’une épée mystique. Luc Sun, jeune irlandais qui a des affinités avec les corbeaux. Christophe Durand, brillant informaticien et ingénieur, et sa combinaison high tech. Et enfin
Zun Tao, maître ninja.
- Monsieur le Secrétaire Général, vous plaisantez ! Ils ne peuvent pas être ce que vous dites !
- Bien sûr que si. Luc, fais-nous une démonstration, s’il te plaît.
- Oui, monsieur. »

Luc ferma alors les yeux, et la métamorphose qu’avait déjà vu Josh se reproduisit. La peau du jeune homme noircit, de même que ses cheveux qui poussaient sur tout son corps. Il explosa ensuite en une dizaine de corbeaux, bien plus vite que la dernière fois, pensa l’américain. Luc voleta un peu dans la salle, puis se posa sur les épaules de ses amis ou de certains journalistes. La plupart des êtres présents faillir tomber de leur chaise, des cigarettes tombèrent des bouches. Et la scène se répétait partout dans le monde, la conférence de presse étant retransmise en direct
dans le monde entier.

« Vous pouvez dormir tranquille, désormais. Les Warriors veillent sur vous. Sur ce, bonne soirée. »

Koffi Anan sortit de la salle, tandis que Luc se reconstituait, les corbeaux se rassemblant au même endroit puis, redevenant lentement un être humain. Et avant que les journalistes n’aient pu poser des questions, les Warriors s’étaient téléportés.


Le Bourreau se trouvait dans un endroit sombre et humide. Il avait mal au ventre, la plaie s’ouvrant assez souvent. Il n’était pas habillé de son habit cérémoniel, il portait juste un jean et un pull normal. On pouvait voir sur son visage des signes de fatigue et de douleur, mais malgré cela il était assez joli garçon, bien que des cheveux gris faisaient désordre dans sa tignasse noire. Soudain, la porte s’ouvrit, et John Doe rentra dans la pièce. Il marcha lentement vers le Bourreau.

« Vous avez bien travaillé.
- Merci. Quand est-ce qu’on aura notre fric ?
- Je n’ai pas fini. Je vous avais dis de ne tuer personne. De mon équipe, bien sûr.
- Désolé, mais on a été obligé…vous comprenez, on devait…
- Non, je ne comprends pas. Notre marché ne tient plus.
- Quoi ? Vous n’allez pas nous payer ?
- Non. Je vais faire pire, même. »

Doe sortit une arme de sa poche gauche, et tira dans le cœur du Bourreau qui ne pu rien faire à part s’écrouler par terre, mort.