Warriors 3

Josh était enchaîné à terre devant la Bibliothèque de la ville, une dizaine de membres de la Communauté de Vengeance autour de lui, le Bourreau au milieu de tous, une grande épée noire dans sa main droite. Ils avaient fait partir le gaz, mais gardaient leurs combinaisons. L’ex-marine réalisa alors qu’il n’avait plus la sienne, et que Luc gisait à ses pieds, KO, lui aussi sans combinaison. L’homme vit aussi que ses chaînes n’étaient pas très solides, et qu’il pouvait légèrement bouger. Quand le Bourreau vit que Josh était réveillé, il s’approcha de lui.

« Ah, tu te réveilles enfin, traître !
-Je ne suis pas un traître, et tu ne sembles pas être un membre de l’ONU ou un employé des Etats-Unis, donc tu n’as pas à dire cela…
-En effet. Je ne te traite pas de traître à ton employeur ou à ta nation, mais de traître à ton monde !
-Quoi ? Bon, s’il te plait, arrête tes délires, prends ton PROSAC, et va te coucher.
-Chien galeux ! Ne vois-tu pas que nous sommes la dernière chance de cette planète ???
-C’est ça…et tu veux me faire croire ça après avoir tué la moitié des Chinois ? Traite-moi tout de suite de débile, ça ira plus vite…
-Tss…voila bien l’arrogance américaine…mais j’admire ton courage. Sais-tu pourquoi nous faisons cela ?
-Non, et je m’en fous. Ecoute, s’il te plait, tues moi vite fait, et qu’on évite la scène où le méchant explique tout son plan au héros, et passons direct à ma mort !
-Mais…mais…es-tu fou, américain ?
-Non…c’est toi le dingue qui s’amuse à se prendre pour ce qu’il n’est pas en se masquant comme à carnaval…
-Insolent ! Tu payeras ça !»

Pendant que le Bourreau parlait, Josh avait réussit à faire passer ses mains devant lui. Et quand son ennemi voulut le tuer en donnant un coup vertical avec son épée, l’américain avait levé ses mains, et l’épée avait miraculeusement brisée ses liens. Libre des mains, il s’était rapidement débarrassé des chaînes à ses pieds, puis s’était enfui, devant une Communauté de Vengeance surprise de cette ruse vieille comme le monde, mais ô combien encore efficace.

L’ex marine continua à courir dans les dédales des rues désormais désertes de la ville, un mince filet de sueur descendant le long de son dos. Il avait peur. Il connaissait bien ce sentiment, il ne l’avait que trop connu tout au long de sa vie. Mais, loin d’en être pétrifié, il avait appris à s’en faire un allié, une arme. Il se savait en infériorité, seul, avec pratiquement aucune chance de s’en sortir. Mais ce n’était pas cela qui allait l’arrêter, loin de là.

Josh rentra dans ce qui fut une école, et se cacha dans une salle abandonnée. Il sortit de sa poche son petit émetteur radio/vidéo portatif, et essaya de parler aux autres. Katia était morte. Arthur avait disparu dans une explosion lumineuse. Luc était KO. Il ne restait donc en lice que Axel, Doe et Chris.

Après avoir attendu quelques secondes que son petit appareil rectangulaire avec un petit écran TV sur le dessus s’allume, il essaya de rentrer en contact avec Chris, puis Axel, mais il ne reçut que de la neige optique. Frustré, Josh décida de contacter Doe, bien que l’homme en noir lui soit beaucoup antipathique. Après de longues minutes, l’ex marine eut la connexion.
Mais la vision qu’il eut de son interlocuteur le surprit. C’était Doe, bien sûr, mais il avait des blessures à la tête, ses habits étaient déchirés, et il semblait exténué.

« Doe, c’est vous ?
-Oui, Josh…
-Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
-Un missile furtif a atteint le jet…je me suis éjecté, mais le pilote y est resté…pourquoi m’appelles-tu ? Vous avez fini ?
-Non, loin de là même…la situation est catastrophique…
-Quoi ? Il se passe quoi ?
-Luc est KO et dans les mains d’une sorte de secte, Arthur a disparu dans un éclair lumineux, Katia est morte et Axel est aux abonnés absents…
-Tu as essayé de joindre Chris ?
-Oui, mais ça marche pas… »

Après ces mots, Josh regarda plus attentivement Doe. Il semblait submergé par le poids de ce qui l’accablait, comme si des centaines d’années laissaient tomber tout leur poids sur lui. Mais il se reprit vite, espérant que Josh n’avait pas vu ce moment de faiblesse.

« Bon, je vais te faire évacuer…
-Et Luc ?
-Toute guerre exige des sacrifices…
-Il n’en est pas question. Je vais pas laisser ce gosse avec ces débiles. Je vais le récupérer.
-Bon, je vais essayer de te trouver des renforts. Même si pour cela je dois aller les chercher en enfer…
-D’accord… »

L’ex marine éteignit son petit appareil, et il se releva. C’était bien ce qu’il venait de dire, mais il ne savait pas du tout comment faire. Seul, dans une ville fantôme, avec des dingues surarmés à ses trousses, ses chances étaient maigres. Mais, si il y avait bien une chose qu’il avait retenue de son entraînement de marine, c’est qu’il ne faut pas laisser les copains dans la merde. Et Luc était un copain.

Josh se rendit discrètement à la Bibliothèque de la ville. La Communauté de Vengeance s’y trouvait encore, elle était en train de frapper Luc, qui s’était réveillé. Et, pour tout dire, ils n’y allaient pas de main morte. Le Bourreau, et deux de ses hommes, donnaient des coups de pieds, de poings, au pauvre Luc. Tandis que du sang coulait de ses diverses plaies, tandis qu’il pleurait pour implorer leur pitié, Josh ne pût s’empêcher de se demander pourquoi Doe avait mis dans l’équipe un gamin d’à peine 15 ans…

Mais alors que le Bourreau allait frapper Luc avec le plat de son épée pour le faire parler, les yeux du jeune rouquin passèrent du bleu au jaune vif, ce qui surprit le Bourreau au point de le faire dévier son coup. Tous reculèrent quand Luc se releva, en dépit de ses multiples blessures, et les regarda tel un être supérieur regarde des insectes. Il parla alors avec une voix caverneuse.

« Vous avez tués beaucoup d’hommes en ce jour…il est temps que les voix qui crient vengeances soient entendues… »

Et le jeune irlandais mit alors ses bras en croix, et sa peau commença doucement à devenir sombre, ses cheveux, devenus noirs, poussant très rapidement, jusqu’à recouvrir entièrement son corps. Puis, quelques secondes après le début de l’opération, il explosa ! Mais ce ne fut pas de la fumée et du feu qui sortit de cette explosion, mais plutôt des plumes, et une dizaine de corbeaux apparut !

Tous ces oiseaux, comme mus par une seule et même volonté, volaient dans tous les sens, attaquaient avec leurs griffes sur les pattes et leurs becs les hommes de la Communauté. Ceux-ci, surpris au début, reprirent leurs esprits, et tentèrent de tuer leurs ennemis, mais leurs tirs étaient trop imprécis, l’ennemi trop rapide et nombreux pour être arrêté. Déjà trois membres tombaient, trop blessés ou déjà morts. Le Bourreau, lui, se protégeait pour l’instant, grâce à son épée, mais pour combien de temps ?

Josh, après avoir été stupéfait par la transformation de son équipier, décida de passer lui aussi à l’action. L’ex marine s’approcha du cadavre d’un de ses ennemis, prit une arme, et commença à tirer sur les autres membres de la Communauté.

Soudain, alors que le Bourreau avait ordonné la retraite, et que quatre autres membres étaient à terre, deux dizaines d’ennemis arrivèrent sur la place, prêts à épauler la Communauté. Revigorés par cette aide inespérée, le Bourreau et ses hommes commencèrent à mieux tirer, à être plus précis, et Josh dû s’abriter derrière un pan de mur tombé. Mais, alors que ses ennemis approchaient de lui, l’ex marine vit un immense éclair déchiré le ciel et tombé pile devant la Bibliothèque. Cet éclair n’était pas naturel, il en était sûr. Il était rouge, et une grande odeur de souffre apparut après.

Les combats cessèrent alors, et même les oiseaux avaient stoppés leurs vols. Tous regardaient la sombre forme qui semblait sortir du cratère que l’éclair avait fait. Et la vision qu’ils virent les stupéfia. C’était un homme, fatigué, avec de longs cheveux noirs, une barbe de la même couleur qui colorait pratiquement tout son visage. Mais c’était son accoutrement qui était le plus singulier. Il était en effet vêtu d’une armure du Moyen Age, sans le casque, avec une arbalète dans le dos, et une longue épée ancienne dans son fourreau, à sa gauche. Il semblait aussi hébété que les autres.

« Mmh ? Quel est cet endroit ? Mais…mais je suis revenu ! C’est grande joie ! »

Josh venait juste de reconnaître l’homme : c’était Arthur ! Comme il avait changé ! Il semblait si fatigué, et si transformé ! Mais l’homme au crâne rasé ne put continuer ses observations : les combats avaient repris, et il devait se battre, d’autant plus que la Communauté avait eu l’effet de surprise, car elle avait recommencé la première à se battre.

Arthur se battait comme un lion. Il avait d’abord prit son arbalète, et tiré sur le Bourreau, touchant son ennemi en plein dans le ventre. Après cela, il avait jeté son arme sur un autre ennemi, qui tomba à terre sous le poids de l’objet. Puis, l’homme en armure avait sortit son épée et avait commencé à se battre, tranchant la chair aussi facilement et rapidement qu’une scie coupe du bois.

Les oiseaux de Luc, ou bien Luc, Josh ne savait pas vraiment comment appeler ce phénomène, continuaient de voler dans tous les sens, blessant et écorchant tous les membres de la Communauté présents. Mais il y avait de plus en plus d’ennemis, et malgré tous leurs efforts, l’équipe n’arrivait pas à se débarrasser de leurs ennemis. Josh prit alors la parole, comme le chef qu’il était officieusement.

« Arthur, Luc ! On se casse, ça devient trop chaud, et y a eu trop de morts pour qu’on joue aux héros !
-Josh, je peux les avoir ! J’ai déjà vécu pire !
-Peut-être, mais je veux pas prendre le risque ! On se casse !
-Je ne crois pas, Josh… »

C’était le Bourreau qui avait dit cela. Après avoir été blessé par la grosse flèche d’Arthur, il s’était traîné jusqu’à un coin reculé de la zone de combat, et avait appuyé sur un bouton de sa combinaison. Il venait de répéter ce geste de façon régulière quand il avait parlé. Il continuait toujours d’appuyer de façon régulière.

« Une bombe est cachée dans la ville. Si j’arrête d’appuyer sur ce bouton de façon régulière, elle explose…
-Tu te sacrifierais pas…
-Oh que si, Arthur. La Communauté est une grande famille, il y a plusieurs Bourreaux. Je ne suis pas le dernier à mourir pour la cause…
-NON !!! Luc, pars vite ! T’es le seul à pouvoir t’en sortir ! »

Josh avait en vain essayé d’ordonner à l’ensemble de corbeaux qui formait Luc, car le Bourreau avait déjà arrêté d’appuyer. Une gigantesque explosion balaya entièrement la ville, ne laissant que de la poussière…